Le palais du gouverneur -- suite
Le 8 janvier 1951, deux techniciens de Radio Dakar (crée en 1939), Jean Taverdon et Gleize, venant du Sénégal s'installent dans une baraque du stade Géo André (actuel Stade Félix Houphouët Boigny) avec un budget de 60.000 FCFA dans le but de faire démarrer Radio Abidjan.C'est un mois plus tard, en février 1951 que Radio-Abidjan naît officiellement à l'occasion d'une exposition.
A ma connaissance, les studios sont encore au palais du gouverneur et ce, au moins jusqu'en 1954.
Pour évoquer cette époque, je laisse la parole à Marc Le Guillerme, auteur d'un livre intitulé Conquête Fraternelle en Côte d'Ivoire (1962), dont voici un extrait.
La station de Radio-Abidjan a été inaugurée en 1951, au cours de la première exposition commerciale, pour l'ouverture de la lagune Ebrié.
A cette époque, le studio d'enregistrement, 1,50m. X 2,50m., était situé dans les locaux de l'émetteur. Il fallait, raconte Raymond Magniez, actuellement directeur des programmes, il fallait laisser la porte ouverte pour permettre de sortir plus facilement aux changements d'animateurs. Et, quand un chanteur devait être accompagné d'accordéon, il fallait tourner le micro vers la porte, pour permettre aux auditeurs d'entendre la musique...restée dehors.
Depuis 1954, Radio-Abidjan s'est installée dans des locaux que l'on agrandit chaque année...comme on agrandit les programmes.
Au centre, Raymond Magniez. A droite, Jean Taverdon. |
Raymond reçoit des vedettes de la métropole, comme Line Renaud. C'est en 1954, à l'époque de "Toi, ma p'tit' folie".
1954 - Raymond Magniez et Line Renaud |
Line Renaud (et Loulou Gasté ?) au premier plan. Au fond, ma mère |
Line Renaud dans les locaux de la radio au palais. A droite, ma mère. |
Parfois, on est amené à aller faire des "sons" en brousse pour des reportages ou des dramatiques.
L'équipe des débuts a réalisé des performances pour pallier le manque de moyens techniques à sa disposition. C'est ainsi que, pour l'émission "Paris 2000 ans d'histoire", les bruitages industriels faisaient défaut. Qu'à cela ne tienne ! On enregistra les bruitages du tournoi d'Henri II dans un coin de brousse avec des trots d'hommes, des clefs dans la poche figurant les éperons et un couvercle de fût qui résonnait comme une cuirasse. Après trois heures de ce travail, il est vrai, les malheureux trotteurs avaient des crampes dans les mollets.
La villa de l'avenue Marchand
On ne sait pas très bien quand Radio-Abidjan a déménagé des sous-sols du palais à la villa de l'avenue Marchand. Peut-être à notre retour de France, à l'automne 1954 ?Ce que je sais, c'est qu'en 1955, dans le rapport de réunion de l'Assemblée Territoriale de Côte d'Ivoire figure la phrase suivante :
Le poste de Radio-Abidjan est maintenant installé dans des locaux corrects comprenant un ensemble climatisé avec studio, salle technique et salle de speakers, enfin une salle de montage, une discothèque et des bureaux.Trop jeune pour connaître les précédents, je n'ai connu que ces locaux-là. Ils se trouvaient ici, très probablement dans le carré délimité par l'avenue Marchand, l'avenue Botreau-Roussel, la rue Jesse Owens et la rue Lecœur.
Les locaux de Radio-Abidjan étaient dans l'un des deux pâtés de maison désignés par une flèche rouge. L'un ou l'autre, je ne sais pas. |
Bref, sous l'impulsion du gouverneur de l'époque, Pierre Messmer (à partir de 54), Radio-Abidjan prend son rythme de croisière, tant au niveau de la durée des programmes que de la puissance de l'émetteur (10 kw) qui permet alors de couvrir l'ensemble du territoire national. D'ailleurs, l'équipe reçoit régulièrement des rapports de réception venant de bien plus loin.Au cours du premier semestre 1956 deux nouvelles pièces ont été construites, l'une destinée au secrétariat et régie générale, l'autre à la discothèque définitive, (rapport).
Rapport reçu en 1955 depuis la Californie. |
La radio occupe ces locaux de l'avenue Marchand au moins jusqu'au départ de mon père en 1965
Reportages sportifs
- boxe
Mon père, M. Soldevilla (?) |
Grâce à une lectrice de ce blog, je suis en mesure de donner des précisions sur la photo ci-dessus. Elle a été prise le 7 juin 1956. De gauche à droite, on peut y voir : MM. Dinand (debout) , Magniez, Maunoury, Soldevilla (debout) et Pomes (? pas sûr de l'orthographe).
- catch
Remise de la coupe de catch à Jean Martin par Joséphine Baker - 1961 |
Bureaux de l'avenue Marchand. Mon père devant des piles de bandes magnétiques en boites. |
Georges Ulmer. Date incertaine. 1958 ? |
On pose des questions compliquées à des enfants qui n'en peuvent mais.
C'est moi. On doit être vers 1959 (j'avais 7 ans). La "speakrine" s'appelait peut-être Mme Vallon mais je n'en suis pas sûr. |
Pour comprendre de quoi il est question sur la photo ci-dessus, je vous recommande de visiter le blog de ma sœur qui en a une petite idée, en cliquant ICI.
Extrait ==>
[...]je n'en n'aurais gardé aucun souvenir si je n'étais tombée il y a quelques années sur une photo de mon frère à l'age de 7-8 ans, pensif devant le micro, réfléchissant sans doute à cette fameuse liste au père Noël devant le regard désemparé de la "speakrine" (c'est comme ça qu'ils appelaient les chroniqueuses de l'époque) qui avait l'air de se demander s'il allait la cracher sa valda (la plupart des émissions étant en direct, je comprends le désarroi de la pauvre femme qui devait se demander si le "blanc" à l'antenne allait durer encore longtemps...).
Mon père a quitté Radio-Abidjan en même temps que la Côte d'Ivoire en 1965. Il en a ramené une médaille qui lui a été attribuée pour services rendus à l'administration ivoirienne.